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  • Démêler ma tristesse

    Je regrette tout. Que tout soit passé.

    Hécate, mon Hécate, que deviens-tu ?
    Tu auras des enfants, dont les cris couvriront complètement les multiples petits gestes de notre ancien silence, de notre chère fragilité.
    Tu auras l'âge de raison, raison de croire et de vivre. J'avais cet âge quand ce fut nous. La raison me dicte bien autre chose aujourd'hui. Toi et notre enfant sont derrière moi, à jamais.

    J'ai tant de fois tâcher de démêler ma tristesse. Parfois avec la langueur distraite que tu avais à soigner tes cheveux. Cette image me donnait une lumière assez douce pour ne pas réveiller le ressentiment et la colère et la douleur qui tant d'autres fois me harcèlent encore. Mais je n'ai pas réussi. Nulle part. Toute écriture revient au désert, au style crissant sur le rocher d'un blog ou de mes pages où les algues sont toujours plus nombreuses et enchevêtrées, où ta chevelure est devenue lichen.

    "Le sel a tout rouillé, mais où sont les barrières ?"...

    Je lis des mots, je fais des mots : il faut bien croire que j'espère encore. Mais je ne t'attends plus. Depuis longtemps. Et ce devrait être là l'étroit passage vers une rédemption.

    Or, toujours cette tristesse. Toujours pas démêlée.

    D'autres femmes. Et une, loin... dont je travaille à rendre le visage net, avec une forme et un coeur que j'inspecte méticuleusement à mesure que je les découvre pour être sûr qu'aucune trace de moulage n'y tient. Je veux l'Original.

  • Le seuil de Handke

    Après avoir lu la note de Sonia à propos de ses voyages, me suis rappelé les miens en même temps que la définition du voyageur selon P. Handke -où il est question de sentir un passage, le franchissement d'un seuil (a contrario du touriste). Suis allé recherché certains de mes textes où les seuils sont sentis, oui ! Cette notion de seuil ici peut sembler être traitée ironiquement, mais je ne dissocie pas en moi le lieu qui, en tant que FORCE AGISSANTE, dans le voyage a façonné l'histoire.

    GLAUQUE

    Putain, oui, c'est glauque ! Dans quels bras es-tu allée te fourrer, Hécate, monstre ? L'as-tu recherché, aussi, ce plaisir à goût d'ailleurs ! Mais c'est l'ailleurs qui t'a mis ça en tête... Satané Aragon, aussi, qui le disait bien, qu' "il fallait pas nous donner des cartes de bibliothèque". T'as dû y trouver un atlas, la géographie des passions fumeuses, et piqué tout droit vers elles. Zigzag parcours : Istanbul, Brighton, Copenhague... Perdue en des amants d'entre lesquels il fallait te ramasser ; et y croire, en nous, à nouveau, sur tes instances ! Mais, au compteur du temps sans toi, ça fait 3 ans que tu t'es fixée enfin, accrochée de toute la force de ta peur à cet informaticien de mes deux (je me rappelle ce Noël où, bonne pomme, je suis venu te tenir compagnie parce qu'il avait préféré le passer en famille.. sachant qu'il te laissait absolument seule, ce fumier !) Comment as-tu pu lui passer ce dont le millième à moi m'a coûté la vie -et dieu sait de quelle façon, avec surtout cette indifférence odieuse, altière dans la chambre de Loti, devant mes cendres, ce pauvre amour à qui tu aurais plus tard encore l'audace de dire que "Quant à toi, tu es dans toutes mes conversations avec mes nouveaux amis, tu es ce qui me distingue, une Histoire et la force de l'avoir vécue et de la vivre encore, tu es mon étrangeté d'être et ma fierté.
    Pas donné à tout le monde..."
    "Quand je serai grande , je me marierai avec toi." Véridique ! Cru décembre 2002 ! Oui, même encore à cette date tu te foutais superbement de nous ! Putain, oui, c'est glauque de repenser à tout ça ; oui, c'est glauque d'encore maintenant te maudire à ce point !

    MA MEMOIRE RALLUMEE

    Rappelle-toi, oui rappelle-toi pour une fois mais cette fois-ci " pour de vrai ", comme nous avons vécu tous les deux ! Qu’y avait-il plus loin que tes yeux dans les miens, sinon encore la route que nous ferions ensemble encore et toujours ? " On the road again "… notre devise. Pour une route, c’en fut une, et longue et pleine de virages et repue de soleil et bâfrée de souvenirs… Ton rire reste et dévale à jamais les roches, avec la peur coincée quelque part derrière le bonheur. La peur de tes larmes à l’improviste, qu’alors les roches glissent et nous piègent. Je craignais mon impuissance devant tes peurs soudaines, cette littérature, ton amour mon amour, écrite à quatre mains mais surtout par les miennes. Qui vivait quoi ? Moi, j’allais évidemment tenter encore l’escalade, au contresens de ta folie, de ton rire aux fêlures apparentes, tâcher de trouver au sommet mieux que ma douceur peut-être une miraculeuse arnica (?) Je rentrerais bredouille mais qu’importe, déjà l’eau de tes yeux aurait viré et mis le cap sur l’horizon à nos couleurs, nous étions heureux à nouveau !

    Jusqu’à ce qu’un jour quelque part le sol se mette à trembler et m’ensevelisse. Le miracle de ta guérison était en chemin, venu d’en bas, à coup de sainte indifférence et de rageuse sexualité. Avec lui, comme avec d’autres ensuite, j’ai cru qu’ainsi tu te vengeais de moi.


    Parfois, je le crois encore, mais c’est parce que je t’aime toujours.

    Et aussi Mes Vallées
    ou encore Fred Astaire

    La plupart de mes voyages ont été emplis d'effroi, irradiés a priori par la violence des émotions qu'ils ont suscitées. A Bibi, si elle me lit ici (et j'en profite pour l'embrasser), je vole un passage du mail que je lui ai écrit pour rappeler encore Saint-Ex :

    "Je veux bien croire que vous m'imaginez voyageur et contraint voire auto-contraint
    à un amenuisement de mes frontières... Je ne puis vous
    donner tort. Et les sentences à la Saint-Ex ne se
    formulent jamais qu'après coup, alors que le trop tard
    vous exécute comme vous saviez qu'il vous exécuterait.
    Ne serai jamais jardinier, mais l'inventerai chaque
    jour, à chaque goutte de mon exudation "littéraire",
    pour tous les désirs avortés... Un jour, j'aurais dû
    être jardinier, oui."


  • Mon point d'eau du 16 février

    En finira-t-on jamais de ces traces d'amertume plus ou moins dissimulées ? Or, hélas, on peut les apprécier, pire y prendre goût comme au chocolat que les habitués arrivent à préférer de plus en plus noir ! Distiller sa mélancolie ou son insuffisance, s'y complaire à l'échelle de sa vanité ; que l'on trouve bons ses textes, que l'on apprécie les commentaires qui en sont faits (valable pour tous les scripteurs) Au moins y aura-t-on trouvé quelque jouissance, au mieux de sa hauteur : ce que vous lisez est ce que j'ai produit, j'en suis l'auteur et l'esprit, et je n'y suis plus. Je suis ailleurs, et ailleurs qu'importe si je suis meilleur car la part a priori intéressante de ma personne repose au chaud, où elle travaille, est cultivée par ses lecteurs. Blog opératoire. Je suis supporté, auto-porté même, peut-être, puisque des commentaires je suis libre de faire ce que je veux. Blog blanc.

    Parce que je vous lis parfois. J'ai dit que j'évoque tous les scripteurs. Je ne me débine pas. Pas moins pas mieux. Ne suis pas un forcené du jugement. Comme vous, je cherche à comprendre. Quel souffle plus vaste et plus fort nous a conduits en ces lieux ? Sous quel joug ployons-nous, pour aller déposer nos pierres sous un tel enfouissement ? Allumer l'ordinateur pour si peu de lumière ; aller chercher ce petit couloir dans des millions d'autres, pour quelle préférence, pour quels favoris ? Entrer peut-être un code et pour quel secret, quel trésor ?

    Oh, j'ai tellement de lassitude ! Je voudrais tant me défaire aussi de ces pierres ! Les mêmes que les votres, je n'en doute pas. Des anciens amours à ceux qui ne viennent pas. Vasteté de ce souffle. Au coeur. Des pics et des vallées, des chaînes de montagnes à franchir entre les rêves entachés de regrets, et les rêves embrindillés d'espoir. Les bottes de géant qu'on se sait aux pieds à la cîme de quelque meilleur jour, et toujours plus d'espace devant soi. La montagne sacrée recule toujours, bien sûr. A avancer, comme à monter, nous créons notre infini d'émotions, notre capacité créatrice... de même que le désert bourdonnant de silence.

    Nous avions soif. Et forant à la recherche de l'eau nous attisons la soif. Certains blogs s'essaient à retenir le peu d'eau comme l'or des jours, d'autres se sont égarés dans le désert et se sont asséchés. D'autres encore, sont blancs et peut-être figurent la caisse de résonnance vide du bourdon de silence ? ou le rire dément et supérieur du fou dans sa mensongère et absolue coquille ?

    Ce qui me rend fou depuis toujours, c'est de sentir au bout des doigts cet or. Au bout des doigts...

    Ce blog est une goutte d'eau.

    Une larme miraculeusement conservée au désespoir, aux sanglots d'un homme à genoux dans le Bosphore, près de la chambre si proche où se dessine le premier mouvement d'une danse qui l'aura mis à mort. "çok güzel", avait appris la méthode... Et la beauté révélée s'éteint là.

    Ce blog ne contient qu'une note, un signe. Cette goutte d'eau, je le veux (et ce sera là mon seul orgueil), humectera la gorge exténuée de l'errant qui, pour avoir fui loin de la mer rouge de son coeur. se sera perdu en ses déserts.