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Entre nous, Monsieur

Monsieur,

C'est un drôle d'endroit pour vous écrire et, même, c'est drôle que je vous écrive, à vous qui ne m'avez pas demandé l'heure. Mais bon, l'heure, vous l'a-t-elle jamais demandé pour agir ? Oui, voilà, elle a écrit ce qu'il vous arrive sur le Net, comme ça, sans autre forme de procès, vous a livré avec vos misères aux yeux de n'importe qui. Bien sûr, votre identité n'apparaît pas, et peut-être aussi que vous n'êtes pas son mari ; je ne sais pas, elle n'écrit pas très clairement, c'est toujours noyé dans la formule, barré sous un genre. Si c'est vraiment vous (je veux dire, si vous me lisez, donc) alors je vous dis sans doute que c'est sa façon de prendre des gants, de ne pas jeter le bébé de l'expression, vous voyez. Dans ce genre d'affaire celui qui veut se tirer du bain dans lequel il juge avoir assez trempé avec l'autre _ l'autre qui n'y est plus à son aise puisque tout seul, abandonné_ ne sait pas trop s'il faut l'y laisser ou pas. Fait des mots. S'agissant d'elle, en tout cas, tout cela ne la concerne déjà plus. Je la cite : "...j’ai envie de le gifler '.. Quand je vous dit qu'elle écrit ce qu'il vous arrive, entendez donc qu'elle vous a textualisé, mis en histoire (ancienne, de fait)
C'est pour ça que je vous écris. Faut pas lui en vouloir si elle est cruelle, et ça d'ailleurs on s'en fout : faut surtout pas vous en vouloir à vous-même, d'abord.
Personne ne quitte jamais personne : les personnes se quittent entre elles, et il y en a toujours une qui s'en rend compte avant l'autre et qui fait le premier pas. Je sais, moi, que c'est cela qui fait que ça ne passe pas. Déjà à la cantoche, dans une colonie de vacances ou que sais-je, il y en a toujours un qui dira "Prem's !" et les autres qui seront les seconds, forcément. J'appelle ça "le réflexe de survie", et il est en nous depuis perpète, plus ou moins bien ancré, ce qui fait qu'en cas d'incendie et dans la fuite qui s'ensuit les uns marchent sur la tronche des autres. C'est pas souvent très bon en piqûre de rappel. Mais il n'y a rien à faire, c'est comme ça, et une autre fois peut-être que vous serez celui qui dit "Prem's !", et il n'y aura pas plus d'orgueil à tirer de la victoire de ce jour que de honte à tirer de la défaite. On est deux du début à la fin, et dans le début et dans la fin. Faut pas s'en vouloir, vous voyez, de perdre comme de gagner. C'est la Grande Fuite. Fuite devant la peur, la faim, le feu... dans le soulagement : premier dans l'obtention du quignon de pain, dans l'arrivée à la sortie... dans l'écriture, en style, en genre, vers, prose, en brouette ou à cheval. Dans la rupture.

Il suffit de regarder les choses à deux fois, comme toujours.

Après, vous me direz, il y a la manière dont cela se passe, et je vous répondrai qu'on s'en fout aussi parce qu'en discutant la manière on cherche à reprendre de l'avance, et que chaque pouce de terrain qu'on pense avoir reconquis est un doigt dans l'oeil parce que dans la fuite on n'est jamais en avance.
Mais on peut en parler aussi, si vous voulez... La manière, on est d'accord, c'est la forme. On est donc aussi bien d'accord qu'en en discutant, le fond, lui, restera inchangé. A partir de là, allons-y ! Vous savez ce qui à moi m'a fait le plus mal (oui, si je vous adresse la parole c'est que j'ai tâté personnellement la question, hein) ? Eh bien, à mon sens, c'est ce qui peine surtout les hommes, et je parle pour les hommes ici forcément : les images qui nous viennent en pensant à elle avec l'autre, et le vocabulaire de notre langue. Je pense à l'intimité que j'avais avec elle, et en me projetant dans la scène familière je suis bien obligé de me rendre à l'évidence que je n'y suis pas, donc, boum, c'est depuis le corps de l'autre avec elle que je la regarde, elle qui derrière mon regard qu'elle ne voit pas regarde l'autre ! Cette imagination-là est un des plus grands poignards dans le coeur d'un mâle. Maintenant, le vocabulaire. C'est évidemment encore tiré par les cheveux, mais quand on commence avec la forme... J'étais allé jusqu'à remettre le langage en question : depuis notre cervelle dans ce genre de situation, en effet l'on achoppe sur certains mots qui traînent depuis des lustres sans qu'on les remarque d'habitude, et c'est par là que vient se ficher l'autre grand poignard. On se dit merde, elle S'ABANDONNE, S'OUVRE à lui qui la PENETRE, la PREND ! Et ce registre est cautionné tout de même par les hommes que par les femmes ! Pour sceller le tout, elles ne sont pas les dernières à propager l'idée fausse qu'elles ne sauraient s'ouvrir et s'abandonner sans aimer. Vous ne trouvez pas qu'on pourrait changer ça, vous ? Tout est formulé à partir de l'idée de l'homme opérateur... et de clichés.

Je dis que les histoires d'amour devraient être sous la surveillance de la police, parce qu'avec ces mots et ces images, sûr que cela fait du grabuge. Mais bon, tous les deux on est des gentils, pas vrais ? On se fait bien marcher sur la tronche parfois, mais après tout on nous a aimés ! Chez moi, une des femmes qui se sont barrées s'est retrouvée avec un con (si, si, je dis que c'était véritablement un grand con... et d'ailleurs ça m'a aidé de le savoir en un sens), et m'a regretté pendant des années (peut-être que c'est toujours le cas, d'ailleurs). Enfin, notez bien que c'est à sa façon, parce qu'elle n'est jamais vraiment revenue et même qu'elle est vraiment restée avec lui pour finir.

J'ai vécu deux autres amours depuis.
J'ai vécu une méchante rupture encore _à croire que je n'avais pas encore bien compris mes déductions :-)

"It's still the same old story, a fight for love and glory..."...

Bon, qu'est-ce que t'en penses ?

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Frantz

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