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  • L'heur de me plaire !

        Le ventre des femmes crie, m’appelle et me veut. Mais je veux choyer dans mon peu d’ombre la tête jolie, l’amoureuse seulement, entendre craquer son corps blessé où s’émeut et pleure l’amour noir et gai, marine et fou, terriblement transi, que ne chavirent, bercent et calment que mes doigts et dans leur sillage tout mon corps qu’il veut tremper, dont il veut l’onguent ample et dur _tout ce plein dont et pour lequel il se perd et se vide.
        Je suis ton enfant spontané, ton mâle dans les étoiles, ton sexe enfin dans le tien.
        Que m’importent les bêtes fulgurances qu’avec d’autres je peux partager pour si peu, les étoiles vues ensemble si leur froideur blafarde ne les brûle pas comme moi ? Le silence des obscurités, la matité des échos souterrains (des astres, par exemple), la touffeur des jungles _cathédrales païennes d’entrelacs de nos membres_, ont un cri douloureux que seules les armes blanches et excédées, les larmes extatiques des cils et des franges expriment. L’amour est idée de l’amour, le sexe que je veux l’incarnation de cette idée. ”L’idée d’un rosier” chère à Brel :
     
    “Et je ne garderai
    pour habiller mon âme
    Que l’idée d’un rosier
    Et qu’un prénom de femme”
     

        Je me fous d’être heureux si vos ailleurs le promettent, si je ne puis DEDANS ou ICI en vivre l’impossibilité. Qui veut me farcir au bonheur ne comprend vraiment pas que cela seul est foutaises. Allez à d’autres dorer la pilule, domestiquer l’angoisse sacrée, piler les glandes divines ! Seul le mal-heur est vrai, car connu, vécu, chié. Seules les marées hérétiques connaissent la pureté _qu’elles lèchent comme chèvre le sel. Votre bonheur est un prurit à gratter, la croûte en forme de vos idées assises, le plaid sur vos lits dont le moelleux m’étouffe, l’atroce mépris de nos secrets _détresse originelle, blessure d’être né, divorce d’avec le ciel, orgasme. Il n’y a d’amour véritable que dans l’imposture, le sentiment de tromper l’illusion, avec la force de croire avec l’autre à la beauté de ce sublime mensonge si près (cyprès) du soleil. Celle-là qui saura être la dupe consciente pourra être ma femme, parce que nous-nous CROIRONS ! Epoux d’un an, d’un jour, de jamais pendant un jour, ou des mois. Les voyages au long cours m’ont trop emmerdé, à trop croire être sûrs de leur chemin.
        A moi, à moi comme à 19 ans les tempêtes où j’ai eu le bel orgueil d’être fou, depuis lesquelles la suavité n’a que trop régné, réduit ma voilure pour femmes-stratèges, bourgeoises, mort-nées. Petits esprits, malingres ambitions, troupes à grandes gueules chevrotantes. Femmes avortées et prétentieuses. Trop d’histoires décadentes, de mesures allongées, d’enveloppes pré-timbrées, de connasses vagissantes. A la limite, n’ai jamais mieux vécu que mal aimé ou méprisé ou ignoré, ce temps qui me fait corps et est le rythme de mes mots accidentés ou bercés. Mais rafales et coups ont fait ma route, je la vois et la sais, alors encore tout de moi tangue sans tarir, cul raffermi, sexe en avant, pognes d’aubier, coeur d’écorce, âme en tourmentes, nerfs sur-tendus, sens vibratiles, vibratoires, musicien d’interstices, amour fou.
        Que celles-là, qui m’ont connu et emmerdé, qui ne méritent évidemment pas l’enfer, aillent crever gentiment dans des bras impuissants, rêver creux dans des têtes communes, roucouler sur les plastrons de pigeons à styles, pisser leurs pleurs dans des hommes-cuvettes ; s’en aillent castrer leur couillon et traîner poussettes. Que tout cela continue à braire loin de moi pour ne surtout pas les entendre rayer le grondement comme le silence de l’univers, les orages et les saisons qui à moi chantent, pleurent et bruissent.
        Puis,
        Reconnaîtrai-je la déesse qui me cherchait alors, avec qui les explications enfin se sont tues. Ensemble et séparés à travers nos souffrances, au long de notre route de bourlingues, intersections, traverses et droites, saurons chacun à l’autre gré des calmes retrouvés, des vertiges échangés, des ailes tendues dans le “dur désir de durer”. Grandissant, bon dieu, grandissant !

  • Sur la plage

    Chanson pas finie pour Arthur

    Les bords de mer par ici se ressemblent
    et leurs villes
    Je marche les yeux
    baissés obstinément
    sac à dos mains
    dans les poches dans le vent
    chargé de pluie
    dont je voudrais qu’il noie
    la mémoire têtue de mes pas que je suis
    qui savent l’amble
    avec ceux de la fille longue
    la fille brune
    frêle et folle
    là-bas plantée dans le plein du quai
    qui fait danser les chevaux de nuit
    au manège face au bar
    Elle ne chante pas
    elle appelle un chien noir
    au nom russe
    pendant que je cherche à boire
    à une terrasse
    que je trouve
    sans clients
    pour m’ôter le murmure
    du ressac

    Autre jour
    Et je marche encore
    toujours près de la mer
    où les ombres me croisent
    frappées de stupeur derrière
    le plissement de mes paupières
    brûlées
    Je crois qu’elles ressemblent à des êtres vivants
    peut-être de l’espèce humaine
    cela ne suffit pas pour répondre à leurs peurs, leur donner le viatique, l’absolution à leur stupide orgueil des familles dans leurs symphonies brinquebalantes, délivrer la parole qui rassure, le mot banal, boucler la ronde des jours, le barreau ajouté dans un sourire à oublier, la candeur mièvre d’un “bonjour”
    Je n’entends que le corps violent de la femme frêle, femme-pouliche sur ses gambettes mal-assurées
    elle porte haut son sexe avec lequel elle dialogue
    en syncopes, dans le roulis de ses hanches
    de garçonne, mon café noir, mon Procope
    mon salon suspendu
    porté sans nègres dans les déserts
    de Grau ou de Motte où je bois à grandes coulées
    des tasses à noyer l’Arena
    Parfois, me heurtent les parfums de nuques grasses des icelles que je sais baiser mais que je rate
    à cause aussi de leurs doigts trop courts, de leurs seins lourds, de leurs ingénuités idiotes, ou de leurs vices de toc
    Je claque des dents dans les matins trop tôt
    tac tac tac et re-tac
    qui scandent le charleston de mes os mariés à son squelette
    ma maigrelette à pleurer de lui faire mal peut-être
    dont je dissèque pour mieux le poser tout autour le corps _ici le cou, attention, que je revisse, revisse dans ma paume en coupe, là les reins plus solides que mon autre main maintient tandis qu’en lévitant je la herse et la soc, la ravine et l’empluie, la conquière et la recompose, l’amoure et l’aime
    ...
    Sur la plage me contre-sensent des tarés en jogging, imbibés d’infos et de croissants, la santé à crédit
    alors je repasse en marche arrière ses images.
    Ça donne un tournis différent
    à l’enclume que je porte dans l’estomac,
    rotation inverse de mon aiguille
    vers son pôle

  • Whisky sous la pluie noire

       


    ET MOI JE CHANTE (Barbelivien Lenorman 75)

    Je vois un train venir sur un nuage d'autrefois
    Je vois une main tenir des fleurs mais elle n'a pas de doigts
    Je vois un chien mourir d'avoir voulu suivre mes pas
    Je vois l'hiver sourire aux années bleues de l'au-delà

    J'entends tomber la pluie dans le jardin des magiciens
    J'entends des symphonies jouées par milles musiciens
    J'entends un oiseau gris hurler au vent dans le lointain
    J'entends pleurer la vie dans ma mémoire sans lendemain

    Je vois couler des villes au milieu d'océans cachés
    Je vois des yeux qui brillent au silence des grands rochers
    Je vois un jeu de quilles que je ne peux pas faire tomber
    Je vois une petite fille ensevelie au miroir des années

    Et moi je chante, je chante, je chante,
    Je ne sais faire que ça je chante
    De tout mon désespoir je chante, je suis heureux
    Et moi et moi je chante, je chante, je chante
    Je ne sais faire que ça je chante
    De tout mon désespoir je chante, je suis heureux .

    J'entends tomber la pluie dans le jardin des magiciens
    J'entends des symphonies jouées par mille musiciens
    J'entends un oiseau gris hurler au vent dans le lointain
    J'entends pleurer la vie dans ma mémoire sans lendemain
    J'entends un vieux tambour sonner la charge des statues
    J'entends un cri d'amour que je n'ai jamais reconnu
    J'entends les derniers jours frapper à mort ma tête nue
    J'entends un troubadour chanter le temps qui ne reviendra plus

    Et moi je chante, je chante, je chante
    Je ne sais faire que ça , je chante
    De tout mon désespoir je chante, je suis heureux
    Je chante, je chante, je chante
    Je chante
    Je chante

    Je chante, je chante, je chante
    Je ne sais faire que ça je chante
    De tout mon désespoir je chante !

  • Petit bonheur

    Quelques orages.

    Des giboulées, brusques et drues.

    Soleil.

    Une saison d'enfance ; les paroles des Anciens (les giboulées de mars...). Rassurante mémoire, une chronologie transmise et vérifiée.

    La campagne ressuyée, son odeur neuve et puissante.

    Le soleil avant une autre averse. La table mouillée et fumante.

    Un arc-en-ciel ! 

    Petit bonheur. La chaîne joue Fitzgerald and Pass Again.

    "Elle est retrouvée ! Quoi ? L'Eternité !"