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  • Pipi de chat

        Invraisemblablement, ça rejoue exactement ces mêmes schémas qui ont signé les naufrages, et jusqu’à répéter les mêmes situations, les mêmes détails ! Et jamais l’impression de déjà-vu n’effleure l’esprit, n’aide à sonner l’alarme. Souvent, l’on finit par accepter. Non pas qu’on ait compris et qu’ainsi soit trouvé le sens : c’est de la résignation bien plutôt, et les vieilles douleurs sont chloroformées,  l’agitation du fond mise en veille, éteignant ainsi la violence qui mieux dirigée eût été illuminée par l’essentielle force vive qu’elle signifie. Et, de ce fait, n’importe quelle histoire finit immanquablement comme prévu, dans son côté précis, théâtral et définitif de scène légendaire _ “ On croit que ça va être une belle affaire, et ça finit toujours comme d'habitude : en pipi de chat !... " (Louis Jouvet, Quai des Orfèvres). Mais, bien sûr, ça a infiniment moins de brio dans la vie.

  • C'est demain que l'on meurt

        Là, je pourrais écrire une ébauche de mon testament.

       Ces jours passés seul me donnent à nouveau un certain goût pour la vie de célibataire.    Finalement, il s’agit de se trouver une tanière pour être bien, même si mon existence est quelque peu spartiate. Mais rien ne me manque. Je veux dire qu’une femme ne me manque pas. Je m’en suis inquiété, puis me suis dit qu’il s’agissait sûrement d’un cycle. La traversée du désert continue, mais je me sens bien : partagé entre solitude et une discipline de travail où alternent les entrevues et  le silence de l’écriture. La musique bien sûr est bien présente, ainsi que les films. Tâcher de faire bien son travail, en dehors de toute volonté de représentation, hors les rôles si souvent endossés pour plaire, échapper à la quête sanglante des amours d’outre-soi. Se trouver parfois en accord avec certaines personnes, dans des discussions comme ce matin, jubilatoire, où l’on a discuté écriture, avec Francine, sans volonté aucune de séduire, surtout.
        Je ne renie pas pour autant mes folies, bien sûr ! J’ai vécu tant de belles et sauvages histoires ! Elles ont marqué de cicatrices mon écorce d’homme. Elles ont contre-balancé par le lest des succès et des défaites la cale restée trop longtemps vide de ma jeunesse déserte d’affection (de mes parents, de l’amour des autres, femmes ou hommes). Je ne suis plus abandonné, grâce à elles : seul, c’est tout, et cela est beau et bon. Résister à l’irrépressible besoin qu’on me tienne la main, parfois, comprendre que l’amour entier de la mère-louve, du père-lion, est à jamais derrière soi _qu’il ait été présent ou non_ et ne sera plus jamais vécu avec le coeur de l’enfant... Malgré tant d’abandons cependant...
    Je disais que je ne m’inquiétais pas, mais cela, oui, pourrait m’inquiéter encore : les années passent, mine de rien, et c’est aujourd’hui que la vie est notre amie ! Ne plus faire de sa vie le dépotoir d’expériences, arrêter d’en faire un champ de mines, cesser de déchirer dans la frustration et les griefs nos années comme autant de brouillons d’une autre vie à venir et qui serait meilleure. Les années passent ; c’est demain que l’on meurt.

        J’écrivais cela il y a peu. Dans le chassé-croisé des rendez-vous somme toute superficiel... Il a fallu qu’une porte baille, qu’un air de “Caruso” entre à la hussarde dans mon oreille et s’amuse comme un sourd du marteau qu’il y a trouvé, me fiche un méchant coup de blues. Et je mesure combien mes jambes et tout mon corps ont eu le temps de s’engourdir, malgré la volonté de me battre pour la vie. Où es-tu, toi qui savais aimer ? Est-ce cela, ne plus avoir envie ? Jambes et reins, vous-vous rappelez qui vous teniez et pour qui insensément  vous alliez jusque dans l’écume de sa mer, toujours plus loin jusqu’à dépasser vos forces ? Vous-vous rappelez, seulement.
    Idiot que je suis !

        I want to live !

        Il fait beau, froid, soleil et sec. Allons marcher.